Photo : © Panique Olympique #6 © Benjamin Le Bellec
Territoire et habitants

Territoire : Étendue de la surface terrestre où est établie une collectivité humaine

Aux Tombées de la Nuit, la réalisation d’un projet implique la prise en compte du contexte, du lieu où il se joue. En jonglant avec l’espace, en s’inspirant ou en détournant le territoire, l’art y prend d’autant plus de sens. Nous souhaitons réorienter, poétiser des lieux de la vie quotidienne pour mieux extraire « la culture de sa tour d’ivoire ».

Depuis le début, la place de l’habitant-spectateur est au centre des préoccupations de l’équipe des Tombées de la Nuit. Il s’agit de questionner la place du spectateur, de réinterroger le rôle du citoyen dans son environnement social. En favorisant le pas de côté, le regard décalé, les rencontres entre artistes et habitants lors de projets implicatifs, nous cherchons à comprendre et à rencontrer l’autre dans sa singularité, nous aspirons à l’enrichissement artistique et personnel de chacun.

Cette place particulière des habitants dans les projets implicatifs encourage l’ouverture à des esthétiques nouvelles et développe la curiosité qui mène à la rencontre de l’autre. Nos choix artistiques se font en fonction de leur positionnement, de leur action dans l’espace public, de leur respect de la diversité des personnes et des histoires. Quel sens portent nos propositions artistiques ? Quels débats, quels doutes enclenchent-elles ? Lorsque, dès la genèse de l’écriture, il questionne la place du spectateur et son rapport à l’espace public, l’artiste retient notre attention.

C’est la question fondamentale de la présence de l’art dans l’espace public, et pour les habitants, de l’émancipation personnelle dans la construction du bien commun. L’espace public devient un territoire de jeu dénué de présupposés, d’idées figées mais riche en potentialités, en révélations.

C’est l’art en tant que lieu du lien, du partage et de l’échange, l’art qui questionne le vivre-ensemble.

Nous avons la conviction que le geste artistique au cœur de l’espace public, au contact direct des individus, permet d’estomper les barrières sociales, d’éviter le déclassement, de faire fi d’un possible sentiment d’incompatibilité face à la culture. Le pouvoir de la relation humaine et le respect des personnes nous animent. Pour cela, nous devons rester à l’affût de nouvelles formes, renouveler les formats, les dispositifs, sans cesse agir sur notre rapport aux habitants.

Intégrer l’habitant à l’acte créatif, dans nos projets participatifs, ne signifie pas uniquement de faire pour un public toujours plus large, mais de faire avec des habitants toujours plus impliqués.

En quartier ou au centre-ville, Les Tombées de la Nuit s’emparent du territoire non seulement pour y programmer des spectacles mais pour y provoquer des aventures de voisinage où les habitants peuvent devenir complices du projet artistique.

Il s’agit de donner aux habitants d’un quartier l’occasion de côtoyer les artistes, de les suivre dans la concrétisation de leurs projets et pour Les Tombées de la Nuit, de créer les conditions de ces échanges artistiques en se nourrissant du territoire.

Cet ancrage dans le territoire ne s’invente pas, il se construit chaque année, différemment, en fonction des spectacles, des lieux et des populations. Avec le temps, petit à petit, la ville est parcourue par les projets artistiques éphémères. Au-delà de la (re)découverte ponctuelle des places et des rues, c’est une cartographie sensible qui se dessine pour les habitants et habitués des Tombées de la Nuit. Chaque lieu devient porteur, pour le spectateur, des émotions vécues face aux spectacles présentés.

Pour fédérer ces énergies et ces envies, Les Tombées de la Nuit contactent de nombreux acteurs locaux en amont des préparatifs (structures culturelles, sportives, sociales, associations et collectifs d’habitants, bailleurs sociaux, etc.) Le sens du projet des Tombées de la Nuit réside sur ce désir de faire ensemble. Nous souhaitons ce projet curieux et généreux, exigeant et populaire, paradoxe qui nous pousse chaque année à innover.

Depuis février 2007, lors des « Causeries » de saison, des habitants des quartiers de Bourg L’Évêque, Alphonse Guérin, Thabor, Oberthur, Maurepas, Cleunay, Le Colombier, Villejean, Le Blosne, etc. se retrouvent régulièrement pour discuter de leur engagement aux côtés des Tombées de la Nuit.

Espace de rencontres, d’échanges, de questionnements et d’interrogations, de propositions, de retours sur les actions menées, de partages d’expériences et d’envies, ce collectif foisonne et s’emballe volontiers. Nous souhaitons continuer à appuyer les initiatives des uns, valoriser les savoir-faire des autres, être à l’écoute des réticences comme des envies, mettre à contribution les qualités personnelles, pousser les curiosités, partager les réflexions, encourager la transmission, le travail en groupe, l’échange, faire un bout de chemin ensemble.

Parmi les 30 à 50 habitants-complices qui se rassemblent lors des causeries, toutes et tous ont une histoire avec les Tombées de la Nuit. Certains viennent de participer à leur premier projet implicatif et souhaitent s’engager un peu plus aux cotés des Tombées. D’autres nous suivent depuis de nombreuses années et sont la mémoire du projet. Mais ce qui les réunit, jeunes et moins jeunes, est leur intérêt pour cette ville, pour le projet des Tombées de la Nuit, leur curiosité et leur envie de créer du commun.

En 2013, lorsque le format du festival était revisité, le collectif fut rapidement mis dans la confidence et accompagna l’équipe dans ce joyeux changement.

De même, dès 2015, les habitants-complices ont été informés du lancement de Dimanche à Rennes, alors encore à ses prémices, et de la transformation de l’histoire des Tombées de la Nuit que cela impliquait.

Aujourd’hui, Les Tombées de la Nuit souhaitent faire évoluer cette relation de complicité. Lors de ces « causeries », qui ont lieu environ quatre fois par an, nous continuons à nous interroger sur l’ouverture de ce collectif d’habitants à de nouvelles personnes mais aussi, sur l’envie commune d’élargir le spectre de propositions qui leur sont faites, répondant ainsi à leurs souhaits d’être encore plus actifs aux côtés de l’équipe des Tombées de la Nuit.

Les spectacles accueillis en saison et en festival continuent à dessiner notre relation avec les habitants-complices et nous mènent à la rencontre de nouvelles personnes. Naturellement donc, nous élargissons ce public complice qui, lui-même, se réjouit de devenir « passeur d’expériences » auprès des nouveaux arrivants.

Ce rapport privilégié au collectif d’habitants, cette constance de la relation entre l’équipe et les complices est une partie majeure de notre ancrage dans le territoire, dont le projet artistique dépend.

Dans cette volonté continue d’implantation sur le territoire, nous sommes, tout au long de l’année, en interaction avec de nombreux partenaires (structures culturelles, sportives, sociales, associations, etc). Avec eux, se tisse une relation de confiance. Nous échangeons et imaginons ensemble afin d’organiser des sorties adaptées et des accueils privilégiés et ainsi, écrire une histoire singulière avec chacun d’entre eux. Il s’agit de créer des dynamiques afin que les usagers de ces différentes structures découvrent les propositions des Tombées de la Nuit et dans certain cas, de les faire participer aux projets implicatifs.

Avec l’association Langues et Communication, centre agréé au titre de la formation continue et spécialisée dans l’enseignement du français aux personnes étrangères et d’origine étrangère, la relation de confiance et le partenariat ne cessent, par exemple, de s’étoffer. Ils ont d’abord accueilli, dans la cour de leur établissement, le concert de Samana lors de la dernière édition du festival et nous poursuivons à présent le lien avec leurs publics de manière privilégiée, en leur proposant de découvrir la programmation des Tombées de la Nuit. Ils ont commencé cette nouvelle saison en expérimentant le projet SMing de Studio Superbe à l’Opéra de Rennes, à l’issue d’un atelier chanté avec la cheffe de chœur Eléonore Le Lamer. Toujours avec Langues et Communication et dans cette même thématique du chant, nous avons proposé à plusieurs groupes « Alpha », non lecteurs, non scripteurs et non communicants, de devenir les compagnons de route du projet de Jérôme Bouvet et Carine Henry, La Sonothèque Nomade.

En 2019, nous avons continué à collaborer avec les structures suivantes:

COALLIA, Langue et Communication, le Centre Social de Cleunay, L’association Tout Atout, GPAS de Maurepas, l’URAPEDA, le CSS Rennes – Club sportif des sourds, Loisirs pluriels, EDFS 35 Service Damier et IME de l’Hallouvry, Centre d’accompagnement SAVSR de Cesson- Sévigné, Centre de la Thébaudais, la Clinique Saint-Hélier, le CMP Les Colombes, le Centre pénitentiaire pour femmes, l’Hôtel Pasteur, le CRIJ, Breizh Insertion Sport, la Protection Judiciaire Jeunesse et l’Unité éducative d’activité de Jour, le collège Échange, etc.

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