Edito
Pendant cette décennie d’ouvrages aux Tombées de la Nuit, nous avons tenté d’être des passeurs d’histoires et de rencontres. Dans cette ville culturellement connaisseuse et exigeante, ne demandant qu’à jouer et s’enthousiasmer, nous avons cherché à être des «émotivateurs» d’aventures plurielles, implicatives et souvent peu communes…
Nous avançons depuis quelques mois vers une nouvelle fantaisie collective. Le festival d’été s’est prolongé en rendez-vous réguliers tout au long de l’année, en forme de « Saison ». C’est une nouvelle temporalité pour le projet des Tombées de la Nuit, fidèle à ce que nous souhaitons être, comme un prolongement logique du passé. Notre fondation, notre raison d’être et d’agir restent l’interrogation du rapport entre artiste, habitant et espace public.
Dans ce Retour(s) sur 2016, nous avons souhaité illustrer plusieurs aspects du projet des Tombées de la Nuit. Vous y retrouverez notre attention portée à la place du spectateur, notre intérêt pour le territoire comme terrain de jeu, notre lien privilégié aux compagnies artistiques, notre implication dans les réseaux professionnels, et, en bonne place, des images fortes du festival d’été qui reste le pilier central de notre activité.
2016, c’est aussi l’année du lancement de Dimanche à Rennes, « un label pour harmoniser les dimanches rennais », que nous co-pilotons avec la Ville. Pour ces dimanches, nous avons proposé différents pas de côté, individuels ou collectifs. En dehors des évènements organisés par les Tombées de la Nuit, nous avons noué de nouveaux partenariats dans ces aventures dominicales, en proposant des aides et accompagnements (logistiques, financiers), des gestes d’interventions poétiques, d’autres couleurs…
Nous continuons donc à jouer et dialoguer avec la ville pour créer des espaces de rencontres et de retrouvailles. À croire à la curiosité, au transverse rassembleur, au fédérateur respectueux, au volontaire associatif, aux habitants complices, aux citoyens spectateurs. Au possible d’une ville ouverte et généreuse, même le dimanche, à ses habitants et à ses visiteurs de passage.
janvier 2017.
Claude Guinard, Philippe Kauffmann
et l’équipe des Tombées de la Nuit
Accueillir des publics
Nous sommes des passeurs de culture. Mais il ne s’agit pas pour nous de nous adresser seulement à un public déjà conquis. Nous ne voulons pas seulement prôner «l’accès pour tous à la culture». Nous passons beaucoup de temps, chaque année, à faire venir aux spectacles un public large et varié. Nous rencontrons régulièrement une vingtaine de partenaires sociaux, de structures institutionnelles ou associatives. Nous construisons avec eux, dans la confiance et le respect mutuel, des dispositifs spécifiques pour réduire les inégalités d’accès à la culture et pour donner une place à chacun.
Katena, le dôme qui les a fait voyager
Des enfants autistes, des personnes handicapées psychiques ou physiques ou encore des jeunes en rupture sociale ont été enthousiasmés par le dôme gonflable de la compagnie Architects of Air.
7000 visiteurs se sont aventurés dans Katena, luminarium rond et coloré de dix mètres de hauteur, qui s’est posé comme une soucoupe volante sur la pelouse du Thabor, en avril dernier. Comme d’habitude, l’équipe des Tombées de la Nuit a travaillé avec des partenaires pour y embarquer un public plus large que celui des habitués.
«Trois résidents de notre foyer d’accueil médicalisé pour adultes handicapés ont pu découvrir Katena, explique Marion Quidelleur, animatrice du foyer morbihannais Gwen Ran. Ils ont une déficience intellectuelle et motrice. Quand ils se sont installés dans la structure, ils se sont sentis dans un cadre apaisant, comme dans un cocon. La stimulation sensorielle était importante : les couleurs, le toucher, la musique, la lumière. Tout pour éveiller la sensorialité. Et ils ont beaucoup aimé pouvoir s’allonger sur le sol, puisqu’ils sont quotidiennement dans un fauteuil roulant où leur liberté de bouger est restreinte.»
Grâce à des stewards bénévoles qui ont assuré un accueil personnalisé, des publics très différents se sont mélangés dans ce labyrinthe enveloppant. Maryline, steward, a accueilli des jeunes autistes : «Ce n’était pas facile pour tous, car le sas de la structure paraissait angoissant à certains. On a pris notre temps, on les a accompagnés de paroles et de gestes rassurants. En sortant, ils étaient heureux…»
La structure est fragile, on y pénètre sans chaussure. «Mais la compagnie Architects of Air a conçu le dôme pour qu’il soit accessible aux fauteuils roulants, explique un membre de l’équipe. Il s’est passé quelque chose de fort dans Katena. J’ai vu des personnes handicapées, très concentrées, lovées dans des alcôves du dôme. D’autres qui couraient en tous sens en riant. Et cet éducateur qui est venu et revenu avec des jeunes qui n’ont plus goût à rien, mais qui s’étaient donné le mot…»
Photo : Katena, Architects of Air du 8 au 15 mai 2016 © Nicolas Joubard
De la Maison d’arrêt vers une île utopique
Lors de deux sorties, une douzaine de détenus de la Maison d’arrêt de Vézin ont pédalé sur le halage pour rejoindre le drôle d’équipage d’un radeau parti à l’aventure.
Le radeau utopique, c’est du bois et des bidons. Et surtout un équipage de trentenaires doux-dingues (comédiens, architectes, cinéastes, etc.) qui ont décidé de construire un radeau pour partir à la recherche de l’île utopique de Thomas More. Cet été, ils ont descendu la Vilaine vers Saint-Malo pour prendre la mer.
En vélo, un groupe de détenus a rejoint le radeau à Betton. «Le plus gros kif, ça a été de prendre un gros bol d’air et de se sentir bien en pleine nature», raconte l’un d’eux. «C’est la première fois qu’on organisait une sortie à la fois sportive et culturelle», souligne Catherine Gloaguen, médiatrice culturelle au centre pénitentiaire de Rennes-Vézin. En vélo puis sur l’eau, ils ont rapidement voyagé ailleurs.
Ils ont écopé, perché, tiré le radeau le long du halage, coupé du bois pour le barbecue. «Arrivés au radeau, les liens se sont créés rapidement, car les hommes se sont tout de suite impliqués dans des tâches engageantes physiquement», raconte Marion Poupineau, responsable des relations avec les publics aux TDN. Tajine aux légumes partagé sur le radeau, au son des tambours et des chants de marins. «C’était très réussi, poursuit Catherine Gloaguen. Les hommes se sont sentis utiles, dans un climat chaleureux. L’équipe du radeau était très accessible et leur projet fait rêver. C’est une super façon pour ces hommes de renouer avec la société, dans la convivialité.»
Avec l’équipe du radeau, les détenus ont imaginé leur île utopique. «Une île sans problème, sans histoire, où l’on pourrait arranger les problèmes à l’amiable, explique l’un. Une île peuplée de gens qui auraient du savoir vivre et le don du partage». «Ce serait une île pleine de végétation et de palmiers, de couleurs magnifiques, de macaques et d’oiseaux du paradis, décrit un autre avec enthousiasme. Une île sans voiture, sans pollution et sans surconsommation. Ce serait que du bio, que du naturel ! Avec des gens formidables et pleins d’amour, qui seraient sincèrement égaux. Il n’y aurait pas de maison d’arrêt parce que tous les gens seraient éduqués.»
Photo : Le Radeau utopique, Ecole Parallèle Imaginaire les 4 et 5 juillet 2016 © Nicolas Joubard
Ville en jeu, jeu en ville
Nous sommes un laboratoire. Nous explorons, nous expérimentons de nouvelles formes d’art urbain. Il est capital de prendre en compte l’endroit où nous nous trouvons. De s’inspirer et détourner le territoire pour que l’art y prenne encore plus de sens et que la culture ne reste pas dans sa tour d’ivoire. C’est une façon de se réapproprier des lieux dans la ville et au-delà, d’insuffler le désir de façonner un espace partagé, de faire vivre au public une authentique expérience démocratique. C’est aussi l’occasion de se questionner sur les usages des lieux publics et leur appropriation par des interventions artistiques à l’échelle de la cité.
Le cachalot qui fait parler la ville
En juillet, un mammifère marin géant noir s’est échoué, mâchoires grandes ouvertes, sur les bords de la Vilaine. «Whale», oeuvre du collectif belge Captain Boomer, a beaucoup fait parler d’elle : le cachalot était-il vrai ou faux ? Les Tombées de la Nuit ont demandé à la presse locale de jouer le jeu du mystère. Stéphane Grammont, rédacteur en chef adjoint de France 3 Bretagne, raconte.
Avez-vous révélé aux spectateurs que le cachalot était faux ?
Pas au départ, car les Tombées de la Nuit nous ont demandé de ménager le suspense. Dès le début, nous savions qu’il était en carton pâte, mais en conférence de rédaction, nous avons décidé de jouer le jeu. Un peu dans la lignée des canulars que les médias ont l’habitude de faire le 1er avril. Un de nos jeunes journalistes a donc tweeté : «c’est dingue, il y a un cachalot… Les scientifiques qui sont là ne se l’expliquent pas». Avec un clin d’oeil en fin d’article : «mais comment a-t-il fait pour passer les écluses ?» Pour nous, c’est une histoire de complicité avec les Tombées et de proximité avec ce que vivent nos spectateurs.
Comment votre «désinfo» a-t-elle été perçue ?
Quelques-uns ont crié à la manipulation : on a gentiment remis les choses au point. Des médias nationaux ont aussi reproché à notre jeune confrère d’être tombé dans le panneau. Alors que c’était tout l’inverse ! En tout cas, ça a bien fonctionné en terme de propagation de rumeurs urbaines. Ça a vraiment alimenté les conversations, y compris sur les réseaux sociaux. C’est chouette, a postériori, de constater qu’on s’est tous enflammés pour cette histoire.
Le cachalot a-t-il eu un impact particulier sur la ville ?
C’est sûr. A Rennes, il y a une quantité de propositions artistiques : on pourrait dire qu’on a tout vu, que plus rien ne nous étonne. Mais avec ce mystère, ce côté participatif et collectif, les Tombées donnent des dimensions inhabituelles à des propositions artistiques. Il a été intégré dans une ville où il a fait naître des liens, et des questions aussi : sur notre crédulité et notre capacité à oser encore jouer.
Photo : Whale, Captain Boomer du 3 au 5 juillet 2016 © Nicolas Joubard
Réfléchir à plusieurs
Parce que nous pensons que l’on trouve plus d’idées et de solutions à plusieurs, nous ne travaillons pas seuls. Nous sommes membres de plusieurs réseaux, de musiques actuelles et de spectacle vivant lié à l’espace public. Pour nous, il est important de réfléchir avec des partenaires de la Région Bretagne, ou à l’échelle nationale et internationale. Nous revendiquons notre participation à ces réseaux comme des lieux de croisement de pratiques, de frottement d’esthétiques et d’occasions de faire bouger les lignes. Une histoire particulière s’écrit notamment au sein du réseau «In Situ», depuis déjà quelques années.
Pas de Brexit dans l’Europe de la culture
Les Tombées de la Nuit font partie du réseau IN SITU, l’une des rares initiatives de coopération européenne pour la création artistique dans l’espace public. Cette collaboration, qui se renforce cette année, pourrait sembler floue ou lointaine. Au contraire, elle est très concrète.
20 structures culturelles de 14 pays de l’Union Européenne travaillent ensemble dans IN SITU, avec le soutien financier du programme «Culture» de la Commission Européenne. Leurs missions : repérer des artistes et développer leur mobilité, encourager les diffusions transnationales de leurs créations, impulser des résidences d’artistes européennes et des co-productions entre pays.
5 compagnies françaises, introduites dans le réseau par les Tombées de la Nuit, ont pu bénéficier d’un accompagnement. «Cela les a renforcées et professionnalisées, constate Claude Guinard. Inversement, nous, directeurs, nous découvrons ce que créent les artistes à l’autre bout de Europe». À ce jour, IN SITU a soutenu et accompagnés plus de 150 projets d’artistes européens.
12 créations d’artistes européens ont été présentées à Rennes. Les membres du réseau s’engagent en effet à diffuser et coproduire des compagnies étrangères. Une façon d’ouvrir l’horizon du public rennais, et favoriser la circulation des artistes européens. IN SITU les soutient en finançant des résidences d’artistes ou en faisant traduire certaines oeuvres.
4 années : c’est la durée du programme européen «META» (Manifeste Européen pour la Transformation par l’Art) qui a permis de réaliser tout ce travail. Initié en 2011, il vient de s’achever en 2016. Ce n’est pas un point final. La Commission Européenne a renouvelé sa confiance dans le réseau en finançant un nouveau programme «PLATFORM». «La collaboration va y être encore développée, explique l’équipe des Tombées de la Nuit. Avant, elle concernait les artistes et les directeurs de structures. Désormais, les équipes seront impliquées dans leur ensemble. Nous pourrons ainsi mettre en place des échanges de pratiques, nous former mutuellement pour mieux organiser et accompagner les projets. C’est enthousiasmant.»
Accompagner les artistes autrement
Nous ne proposons pas aux artistes un lieu de résidence, mais nous les soutenons de très près dans les différentes étapes de leurs projets. Le secret ? Un accompagnement nomade et à la carte. Selon les besoins de l’artiste, il peut s’agir d’un compagnonnage dès l’écriture de son projet, de faire avec lui des kilomètres de repérages sur le terrain, de l’aider à déjouer une barrière technique ou de lui livrer un regard extérieur suite à des présentations d’étapes de son travail. Nous sommes un espace d’écoute où les artistes peuvent venir faire état de leurs idées naissantes. Nous autorisons le doute, les recherches et les tentatives.
Cheminement d’un fantôme volant
Un dimanche par mois, d’avril à décembre, le magicien Etienne Saglio fait apparaitre un fantôme près de la passerelle Saint-Germain, devant près d’un millier de personnes. Au fil du temps, le spectacle s’est transformé pour devenir une co-production avec Les Tombées de la Nuit.
CHAQUE MOIS. « Au départ, il s’agissait seulement pour nous d’une diffusion adaptée, raconte Claude Guinard, directeur des Tombées de la Nuit. Sortir la magie des salles habituelles et faire apparaître, tous les mois au même endroit, un fantôme». Le défi étant la répétition. «Qu’on crée un souvenir commun aux habitants d’une ville», ajoute Etienne Saglio. Léo a assisté à la plupart des représentations : «Ce qui me semblait fou, c’était de revenir chaque fois voir un seul effet magique : un morceau de plastique qui vole. Je me suis demandé si ça allait devenir lassant. »
JAMAIS PAREIL. En cours de route, Etienne Saglio veut faire évoluer sa proposition. Le spectacle devient une résidence d’artiste, une co-production avec les Tombées de la Nuit. «Peu à peu, des détails ont changé, a remarqué Léo. Et puis, un jour, le fantôme est tombé dans l’eau. C’était osé et tellement génial ! Je me suis demandé jusqu’à quel point ce magicien pouvait pousser un numéro, juste en l’expérimentant dehors.»
LA RUE, UN DÉFI. «Les Tombées m’ont fait assez confiance pour que j’essaie des trucs. C’est rare d’avoir des zones de tests, en tant qu’artiste», précise Etienne Saglio. Décaler dans la rue la précision que demandent l’illusionnisme et la magie nouvelle n’était pas sans risque. «D’habitude, j’invite les spectateurs «chez moi», où tout est aménagé pour le spectacle.»
UN SOIR AU BORD DE L’EAU. Le fantôme apparaît passerelle Saint-Germain. «Claude Guinard a pensé à ce lieu inédit», explique l’illusionniste. Etienne Saglio devait jouer le soir. Les Tombées de la Nuit voulaient inviter un dimanche. Les spectacles ont donc lieu le dimanche soir. «Quel programmateur ferait ça ? sourit l’artiste. Ca a finalement créé une ambiance délicate et douce tout-à-fait appropriée au fantôme.» Comme une bulle, compare Léo : «Tu es dans la ville, au milieu d’autres gens, mais tu es ailleurs.»
Photo : Projet Fantôme, Etienne Saglio une fois par mois d’avril à décembre 2016 © Nicolas Joubard
Anima (Ex) Musica,bestiaire musical
Imaginez des instruments de musique délaissés qui reprennent vie sous forme de créatures sonores et animées. 3 questions à Mathieu Dessailly, touche-à-tout co-créateur, avec Vincent Gadras et David Chalmin, de ces animaux musicaux.
Comment vos insectes ont rencontré les Tombées de la Nuit ?
Les Tombées de la Nuit ont co-produit nos créations. J’ai envie de parler de parrainage, de compagnonnage. Quand nous avons rencontré Claude Guinard, nos crustacés et autres arachnides étaient à une phase embryonnaire. L’équipe nous a aidés à faire tenir tout cela debout. D’abord en nous écoutant de façon bienveillante, en nous fixant un calendrier et en nous poussant à réfléchir. Tout cela sur le long terme, ce qui donne l’agréable impression de ne pas être des objets artistiques de consommation, mis en lumière seulement momentanément.
Ce compagnonnage a-t-il bousculé vos idées de départ ?
Claude Guinard a insisté sur l’aspect musical de nos oeuvres. Il nous a proposé d’aller écouter et de rencontrer des musiciens, des plasticiens sonores. D’une démarche muséale, plutôt axée «art contemporain», on a basculé dans le spectacle vivant. L’équipe nous a aussi fait nous questionner sur notre visibilité. Au fil des discussions, on a choisi de ne pas se cantonner à une exposition d’oeuvres, mais d’y intégrer une performance : on les construit en public. Les gens nous voient en train de travailler, de bricoler, de douter, de nous planter. On montre que l’échec fait partie de la création.
Exposer à l’Ecomusée : quelle idée aviez-vous en tête ?
C’est une idée des Tombées ! Ils savaient que le directeur de l’Écomusée du Pays de Rennes était à la recherche d’idées neuves pour sa future exposition sur les imprimeurs Oberthür. Or, cette famille, passionnée d’entomologie, a réuni l’une des plus belles collections d’insectes d’Europe ! On a ensuite exposé à l’Hôtel-Dieu et bientôt à Pasteur. Les Tombées de la Nuit, en nous proposant de nous nicher dans des lieux particuliers, nous ont obligés à devenir caméléons, à réfléchir et à nous inspirer de l’endroit où nous sommes. Et cela a réellement nourri notre travail.
Photo : Anima (ex) Musica, Tout reste à faire du 3 au 10 avril et du 2 au 10 juillet 2016 © Nicolas Joubard
Dimanche à Rennes, on ne s’ennuie pas
Depuis 2016, en lien avec la Ville de Rennes, nous co-pilotons Dimanche à Rennes, une nouvelle initiative mettant en lumière des événements ayant lieu le dimanche. L’esprit des dimanches imaginés par la Ville était en accord avec nos valeurs. Nous organisons nous-mêmes certains événements proposés. Mais nous tenons surtout un rôle de coordinateur : nous repérons et nous donnons une visibilité à des projets et des événements organisés par d’autres, en assurant la cohérence du tout. L’important pour nous est d’être respectueux des initiatives et des projets de chacun.
Une «block party» aux Hautes Ourmes, avec Dooinit
Quand ? Le dimanche 3 avril 2016.
Où ? Au parc des Hautes-Ourmes, au grand air, en bas des immeubles d’habitation.
Quoi ? Une «block party», traduisez : une fête de quartier au milieu des immeubles, dans la pure tradition hip-hop. Des concerts live d’artistes pointus venus des Etats-Unis, de la nourriture afro-américaine à prix libre, des transats, des animations pour les enfants du quartier, du beat et de la bonne humeur.
Qui ? La fête clôturait la 7e édition du festival hip hop organisé par l’association Dooinit. Les Tombées de la Nuit étaient partenaires.
Pourquoi ? Coordinateur des «Dimanche à Rennes», les Tombées de la Nuit ont noué un partenariat avec Dooinit – comme ils l’ont fait avec les festivals Stunfest et Big Love -. «L’idée étant de les soutenir, de les aider à franchir l’étape de leur choix, en étant attentifs à ne pas récupérer leur événement.» Dooinit avait déjà organisé des block party, mais faute de moyens et d’infrastructure, l’association faisant intervenir des DJ au lieu de musiciens live.
Comment ? Les Tombées de la Nuit ont coproduit financièrement la block party. «Sans devenir majoritaire. Y compris financièrement, on n’empiète pas sur une histoire qui n’est pas la notre», précise l’équipe. Charles Songue, cofondateur de Dooinit, a beaucoup échangé avec les Tombées : « J’ai vu qu’ils étaient intéressés par le mélange entre programmation pointue et concerts en extérieur. Nous, on étaient contents, déjà, qu’ils nous disent que notre projet était cohérent. Et puis… ils savent organiser les choses !» Charles Songue est content de voir que l’événement «a brassé plus large que l’habituel public d’initiés».
A refaire ? Charles Songue le souhaite : «Ce qui est particulier dans ce partenariat, c’est qu’on a construit un vrai truc ensemble. Dans le hip hop, il y a un peu trop de petits groupes. Travailler l’ouverture, la coopération, ça fait du bien au milieu.»
Photos : Intrude, Amanda Parer du 9 au 16 octobre 2016 © Nicolas Joubard
Plus qu’un spectateur, un complice
Nous titillons la place du spectateur. Nous proposons des aventures dans lesquelles les habitants peuvent devenir complices du projet artistique. En côtoyant les artistes, en suivant la réalisation de leurs projets et en y participant. Cela implique de tisser des liens, tout au long de l’année, avec ces habitants-spectateurs. A chaque fois de manière différente, en fonction des spectacles et des lieux. Depuis février 2007, des habitants des quartiers de Rennes ont pris l’habitude de se retrouver pour discuter de leur engagement aux côtés des Tombées de la Nuit, lors de causeries de saisons.
Causerie (kô-ze-rie) n.f. Rendez-vous saisonnier, généralement dans un bar, entre l’équipe des Tombées de la Nuit et le collectif d’habitants complices, pour se tenir mutuellement informés et envisager de nouvelles collaborations. (Définition extraite du [dé-kal’], petit dictionnaire illustré des Tombées de la Nuit, 2009).
Color of time a mélangé couleurs et publics
La parade «Color of time», premier événement des «Dimanche à Rennes», a réussi à faire entrer dans la danse des participants très variés.
Place de la Mairie, ce dimanche de mai, le ciel est gris perle. Un nuage rose y éclate, puis un vert, un jaune et des dizaines et des dizaines de bouffées aux teintes éclatantes. La couleur du ciel a changé. Aux commandes de cette joyeuse tornade, la compagnie marseillaise Artonik. Elle offre au public une déambulation dansée et une chorégraphie collective sous une pluie de poudres colorées.
«On a voulu ce premier événement à l’image de ce que l’on défend à l’année, explique le directeur des Tombées de la Nuit. Un rendez-vous festif, dans l’espace public et surtout ouvert à tous. «Color of time» s’inspire de la Holi, fête hindoue des couleurs, qui fait fi des castes pour réunir tous ceux qui veulent célébrer l’arrivée du printemps.
Alors que les spectateurs observent les artistes, tout bascule. 130 habitants surgissent du public pour danser avec la compagnie Artonik. «Ils ont participé à des ateliers pour préparer cette chorégraphie surprise».
Danser, sauter, colorer
Cette communauté éphémère de danseurs-surprises est panachée, à l’image des partenariats que les Tombées de la Nuit tissent tout au long de l’année autour d’eux. Des enfants accompagnés par des pédagogues de rue agitent les bras à côté de patients d’un service psychiatrique, d’habitants complices, de jeunes migrants, de personnes malvoyantes et d’autres malentendantes. Véronique Laville, éducatrice spécialisée au foyer de l’enfance Chrysallis, a accompagné une dizaine de jeunes placés : «Eux qui se promènent toujours dans les mêmes endroits, ça leur a permis de voir la ville autrement, de participer à un projet artistique avec d’autres citoyens, de partager de l’énergie et des émotions dans une ambiance de fête.»
L’événement est conçu pour que chacun y trouve une place : ceux qui regardent, ceux qui dansent, ceux qui colorent et se laissent colorer… «Quand je traverse la ville, je sens souvent qu’il y a moi et les autres, témoigne Amélie, danseuse complice. Là, pendant un instant en suspens, on était tous ensemble, à danser et sauter.» 5 000 personnes ensemble, bariolées aux mêmes couleurs. Quand elles ont quitté la Place de la Mairie, les pavés sont restés arc-en-ciel.
Photos : Color of Time, Artonik, le 27 mars 2016 © Nicolas Joubard
Festival d’été
¢= Création
Δ = Accompagnement Artistique
Le Festival des Tombées de la Nuit
ANIMA (EX)MUSICA • Tout reste à faire • ¢ / Δ
WHALE • Captain Boomer
LES PHEUILLUS • Compagnie Le Phun
MAXENCE CYRIN
URGENCE • GK Collective • Δ
LA BOITE NOIRE • Elisa Le Merrer • ¢
ERIC CHENAUX
LE RADEAU UTOPIQUE • École Parallèle Imaginaire • ¢ / Δ
LE CHANT DES SIRENES • Compagnie Mécanique vivante
DJ BARABATRAX
BRUIT NOIR
TOUT OUÏE
NO LAND • Olivier Mellano, Brendan Perry, Bagad’Cesson • ¢ / Δ
À CORPS PERDUS • Compagnie Bivouac
ISTAN QUARTET
ALAMBIG ELECTRIK
GROOVE COMPAGNIE
HOP’OP’OPS
BAGAD KADOUAL
BAGAD ROAZHON
PASCAL PELLAN
MARATHON • Galapiat Cirque
GRAND SIMON • Collectif Booum Booum • Δ
PUBLIC JUKE BOX • Kristof Kintera
LES VOLCANICS • Compagnie Même pas peur
FLOE • Jean-Baptiste André • ¢
IMPREGNATION • Mo compagnie • ¢ / Δ
TSF • Les Oeils • Δ
FRANCOIS BIHOREL
ELLI DE MON
BAMBA WASSOULOU GROOVE
SOCALLED
HAWAIIAN PISTOLEROS
RAPHAEL IMBERT DANCING JAZZ 4TET
La Saison des Tombées de la Nuit
THE COLOR OF TIME • Compagnie Artonik
SACRÉE HOLI! • Romain Gislais
ANIMA (EX) MUSICA • Tout Reste à Faire • ¢ / Δ
PROJET FANTÔME • Etienne Saglio • Δ
KATENA • Architects of Air
ARCHITECTURAL SONAR WORKS • Cédric Brandilly • Δ
PARADE ! • Compagnie Engrenage, Fonk’Nola, Out Of Nola, Zygos Brass Band • ¢ / Δ
CHOCOLATE GENIUS
PROMENADES IDIOTES • Léa Rault, Cécile Barbedette et Lucie Germon • ¢ / Δ
JEAN, SOLO POUR UN MONUMENT AUX MORTS • Patrice de Benedetti
L’IDEAL CLUB • Les 26000 couverts
Partenariats Dimanche à Rennes
FESTIVAL DOOINIT
ÉCHAUFFEMENTS PUBLICS en partenariat avec le Musée de la Danse
ANIMA (EX)MUSICA en partenariat avec l’Ecomusée du pays de Rennes
FESTIVAL STUNFEST
BIG LOVE en partenariat avec Crab Cake Corporation
LE MARCHÉ À MANGER en partenariat avec les Ateliers du bistrot
FEST DEIZ en partenariat avec Transat en ville
NOS QUARTIERS ONT LA PÊCHE en partenariat avec Pêche Moderne
BRUISSEMENT en partenariat avec Le Bon Accueil
TRAVERSÉES et ESCALES en partenariat avec Cuesta et le Bureau Cosmique
DU CHAMP A L’ASSIETTE en partenariat avec la fête de la biodiversité
PARADE ! et LE TOUR DE REINE en partenariat avec I’m from Rennes
INTRUDE en partenariat avec Electroni[k]
ÇA VA VALSER en partenariat avec Le Grand Soufflet
TRACES VIVANTES en partenariat avec Au Bout du Plongeoir et les Archives Départementales
FÊTE DU COURT METRAGE en partenariat avec Clair Obscur