D’origine normande, et aujourd’hui de retour près de Granville, Yann Tambour a débuté avec le projet Encre, avant de rencontrer la musique africaine et de se passionner pour la kora, cette harpe-luth à vingt et une cordes originaire du Mali et qui a essaimé dans toute l’Afrique de l’ouest. Des instruments qu’il a commencé à construire lui-même pour ses albums Churning Strides (2007), Thee, Stranded Horse And Ballake Sissoko (2008), Humbling Tides (2012), Transmission (2013) et Luxe (2016). Le folk et les influences anglo-saxonnes y sont transcendés par l’instrument des griots africains qui offre toutes les embardés possibles, des sonorités de la musique modale moyenâgeuse aux rythmes complexes de la trans africaine et aux quadrilles des caraïbes.

Dans Grand Rodeo, dernier opus aux multiples facettes, les koras et les guitares cristallines nous emmènent dans un monde cosmopolite et contemplatif, où la pulsation charnelle est la mère de toutes les collisions et de tous les métissages. On y reconnaîtra parfois les cousinages de Pierre Vassiliu, de Dominique A ou de Piers Faccini, sur des textes en clair-obscur, bien plus caustiques qu’on l’imaginerait. Avec ses complices Boubacar Cissokho, Sébastien Forrester et Miguel Bahamondès-Rojas, Yann Tambour a inventé une pop organique qui semble glisser au fil de l’eau et du souffle des vents du monde. Et nous prouve que le format de la chanson reste un magnifique passeport pour l’inspiration voyageuse et la redistribution des hémisphères en une myriade d’autres territoires.