Toujours neuf chaises alignées, mais cette fois avec sept femmes et deux hommes, en exact miroir inversé de la distribution de la première version de Smashed (traduire : écrasé) qui explorait les conflits, les amours perdues et l’importance du « tea time ». Les acrobates anglais entrent à nouveau dans la danse virtuose de cette nouvelle partition hybride, entre cirque, théâtre et chorégraphie. Un triptyque qui caractérise le travail de Sean Gandini et Kati Ylä-Hokkala en hommage au « théâtre-jonglage » du Tanztheater de Pina Bausch.

Comme un grand coup de balais à cette première version, devenue un classique au fil des représentations internationales, Smashed 2 transforme les piques et taquineries en véritables attaques. Les fruits valsent, tournoient, voltigent en tous sens avant de s’écraser, alors que les sept jongleuses et deux jongleurs enchaînent, avec une folle virtuosité technique, les figures et les situations féroces et pleines d’acidité. Toujours à la croisée des trois disciplines, toujours virevoltants, casse-cous et élégants, toujours en réinterrogation des étiquettes, des conventions et même des codes esthétiques du cinéma, toujours au plus près d’une bande-son très soignée, Gandini Juggling poursuit cette exploration d’un jonglage de très haute voltige, consciencieusement saccagé et consciemment cathartique. Un « côte sombre » frais, burlesque, inventif et jubilatoire.