Comme c’est l’usage dans le travail des Flamands sur les pièces du grand répertoire, il ne faudra pas s’attendre à retrouver exactement tout au même endroit. D’autant que cette pièce emblématique, véritable Ovni du romantisme français du 19ème siècle, avec son ensemble de trente-six scènes découpées en cinq actes et convoquant plus de quatre cent interprètes, n’a jamais été jouée en intégralité… Waas Gramser et Kris Van Trier ont donc choisi de réorganiser les dialogues, et surtout de mêler les mots d’Alfred de Musset (1834) à ceux de son amante et inspiratrice George Sand, dont le texte Une conspiration en 1537 a servi de base à ce drame se déroulant à Florence pendant la Renaissance.

De Lorenzo à Lorenzaccio, entrant dans cette zone grise où se mêle intérêt public, intérêt individuel et méandres psychologiques d’un être torturé, solitaire et épris d’absolu, la compagnie développe un théâtre de jeu brut et d’épure scénique avec, toujours, une grande autonomie des comédiens et de l’imagination active du spectateur. En élaguant, en resserrant les situations et les relations entre les personnages, cette révolte d’un individu contre l’abus du pouvoir en place devient une fable universelle. Débarrassée de ses scories et de ses acrobaties formelles, la pièce mise sur la possibilité de révéler la vérité des êtres par la beauté et l’humour.

Un théâtre réjouissant et généreux, populaire et accueillant, dans la grande tradition des créations des Flamands !