Habitué depuis vingt ans aux grandes installations circassiennes en art vivant, aux frontières du cirque, de la musique et des théâtres d’objets et de gestes, coutumier de l’invention comique d’un monde saturé d’objets et de désordre en tout genre, d’un univers souvent dédié à la ruine, au naufrage, à l’abandon et à l’impossible, Camille Boitel fait ici un véritable pas de côté, avec sa complice Sève Bernard. En convoquant porteur, porteuse, voltigeur et voltigeuse, ils choisissent l’angle d’une courte dramaturgie acrobatique pour mettre cul par-dessus tête notre perception du réel. « Qu’est-ce que l’inverse du vertige ? Peut-on être aspiré par le ciel ? Que se passe-t-il quand nos pieds n’arrivent plus à se reposer sur le sol, que le vide devient incessant et infini ? », interrogent-ils en mouvement et en voltige.

Quatre personnages investissent par surprise l’espace public pour tordre notre perception de l’apesanteur. Des illusions d’envolées, des portées inversées, des équilibres à revers, des déséquilibres à rebours, la réalisation du vertige terriblement contagieux de ne plus toucher terre et de ne plus pouvoir revenir au sol… Dans cette parenthèse poétique d’une dizaine de minutes, impromptu acrobatique et véritable prouesse technique en envolée surréaliste, la compagnie L’Immédiat ajoute à son impressionnant répertoire, cette réflexion circassienne unique et absolument joyeuse sur l’absurde et l’émerveillement en partage.