Autour du diptyque Argile, la compagnie Le jardin des délices nous plonge dans l’enfance et la joie primale de sauter dans les flaques et de glisser pour se salir de la tête au pied. Dans L’homme de boue, le circassien Nathan Israël se couvre de terre pour devenir un Golem qui jongle. Avec Gadoue, accompagné d’une harpiste, il prend place en complet-veston sur une piste recouverte de boue blanche pour se métamorphoser petit à petit, et au rythme de ses jonglages et de de ses glissades, en étrange créature de boue. Une pure joie de la patouille et un plaisir de la transgression qui transportera adultes et enfants !

C’est une simple piste circulaire de deux mètres recouverte d’argile blanche. Quelques notes de la harpe de Delphine Benhamou et Nathan Israël entre en scène en complet-veston. Il commence à jongler, tentant des figures de plus en plus complexes sur ce sol glissant et collant, en cherchant à tout prix à ne pas se tâcher et à ne pas faire tomber sa balle. Chaque geste peut l’amener à déraper. Mais lui comme nous rêvons de transgression et de bonheur régressif, de le voir chuter et se salir, de perdre définitivement toute dignité pour pouvoir patauger librement dans cette boue qui lui tend les bras… Ce qui finit évidemment par arriver, pour de grands moments de patouille, de plaisir de ne plus être sage, de goûter au frisson défendu, de se vautrer dans la joie du pas correct.

En se couvrant de boue pour fabriquer d’hilarantes sculptures vivantes, en jonglant avec ses mottes de terre, ses blocs d’argile et nos contradictions, le danseur, porteur et jongleur Nathan Israël nous embarque, petits et grands, de l’autre côté du miroir de nos conventions sociales. Chacun y trouvera matière à réjouissance, de l’enfant à l’adulte qui rêve soudain de le redevenir pour pouvoir profiter de ces joies simples. Par la magie de cette écriture fine avec Luna Rousseau, Gadoue transforme une idée simple en un vrai moment de théâtre partagé, jubilatoire, profond et drôle.