Musicien protéiforme, Gregaldur s’inspire à la fois du punk, de la toy-musique, des musiques minimalistes, électroniques, expérimentales et de l’art brut, pour ses créations inventives et décalées. Après deux ciné-concerts et le Guignol en karaoké du Karastelet, son nouveau solo présente une étrange machine bricolée qui va peu à peu faire de la musique toute seule, pilotée à distance… Entre Jacques Tati et Jean-Michel Jarre, entre bric-à-brac, bidouilles et dispositif interactif, Farniente fait naître une délicieuse mélopée électronique contemplative au milieu d’un fascinant instrumentarium immersif, entre théâtre, musique et manipulation d’objets.

C’est d’abord la rencontre avec cette machinerie en action qui fascine : bois de palette, visserie, câbles électriques, moteurs électriques, enceintes, électro-aimants, synthétiseur modulaire, cartes électroniques, potentiomètres, séquenceurs, générateurs d’enveloppe sonore, avec un totem en hauteur, six enceintes et un thérémine… Tout un bric-à-brac de recycling et d’upcycling scénographié, qui ressemble à une sculpture en art brut entièrement dédiée à la transformation, en sons, du tout et du n’importe quoi. Cette fascinante structure restera in fine un dispositif interactif pour contrôler la lumière, les objets, les corps et les sons, et donner raison à ce concertiste qui cherche à atteindre son rêve : faire de la musique sans lever le petit doigt – ou presque.

De cette création animée hors norme, Gregaldur tire un concert de musique électronique contemplatif, théâtralisé autour de cet étrange Merlin l’Enchanteur qui va progressivement laisser tomber ses instruments pour mettre en marche cette machine à faire de la musique toute seule. Dans ce langage sonore sans parole, le spectateur suit en immersion la fabrique du son, les bidouilles et les mouvements, les liens complexes entre l’ouïe et le regard, en flottant finalement en apesanteur dans le monde étrange et reposant d’une machinerie féérique.