En 2006, cet incroyable ballet entre un danseur et une pelleteuse avait déjà emporté la Place du Parlement dans ce fascinant mouvement croisé et cette tension douce entre l’homme et la machine. Nous accueillons à nouveau ce remarquable instant chorégraphique, entre fer et chair, élégance et fonctionnalité, souplesse et acier, légèreté et lourdeur, scène et chantier. Une réelle émotion naît de cette rencontre où la chorégraphie devient duo, mariage, fusion, au coeur d’une urbanité transfigurée. Au son du « Samson et Dalila » et du « Cid » de Camille Saint-Saëns, Philippe Priasso s’envole, virevolte, se cabre, effleure, touche, enjambe, tourne autour de sa belle, la caresse, se retrouve à quatre mètres de hauteur par la grâce du bras articulé puis, pendu par les mains au godet. Sous les doigts de son manipulateur, la pelleteuse se fait marionnette, monstrueuse d’abord, puis simplement articulée au fur et à mesure que l’on découvre sa souplesse de manipulation. Pour un grand moment de grâce et de légèreté paradoxales.