Photo : © La Nuit Unique © Nicolas Joubard
— Publié le 9 mai 2019 —
Longtemps, je me suis couché de bonne heure
Retour sur le spectacle La Nuit Unique du Théâtre de l'Unité

En mars, le Théâtre de l’Unité a entraîné les spectateurs dans une Nuit Unique. Sept heures de représentation nocturne, qu’ils ont suivie allongés dans leur duvet. Les yeux ouverts… ou pas.

22h30. Souvent, c’est l’heure de se brosser les dents. Ce soir, c’est le moment d’aller au théâtre. Comment s’habiller ? Robe de soirée ? Pyjama ?

Au loin, la foule :

« Tu ne dors pas la nuit, toi ? Et après, quoi ? Tu seras un zombie tout le week-end ? »

« Et si tu manques un passage ? La frustration ! Comment tu fais pour comprendre l’histoire ? »

« Et combien tu payes pour un spectacle que tu ne vois pas ? »

« T’as le droit d’aller aux toilettes ? »

23h. Halle de la Courrouze, les dix acteurs, chanteurs et musiciens du Théâtre de l’Unité, en livrée rouge, accueillent les noctambules. « N’ayez pas peur de dormir, sinon la nuit va vous paraître longue ». Seule l’allée centrale est allumée. S’y succèderont bientôt textes, saynètes, danses, chants, poèmes. Autour, les spectateurs sont allongés dans la pénombre, sur des matelas gonflables et des transats.

6h, le lendemain matin. L’assemblée baille et s’étire. Personne n’a vu le même spectacle. Les comédiens ramassent les chaussettes, les doudous, les verres de vodka vides. Ils ont passé la nuit debout. Ils servent le petit-déjeuner aux spectateurs. Parmi ceux-ci :

Julien (signe particulier : a l’habitude de somnoler au spectacle) « Pour une fois, je ne me suis pas senti coupable. J’ai eu l’impression d’être dans un train de nuit. Sans cesse réveillé, mais jamais vraiment conscient. J’ouvrais les yeux, je voyais une scène, puis je la rejouais dans ma tête. Je ne savais plus si j’étais dans un rêve ou dans la réalité. »

Fanny (signe particulier : zen) « J’ai adoré l’atmosphère onirique. Je me suis réveillée vers 4h30 quand j’ai vu de la fumée surgir. Mon esprit était parti loin. J’ai d’abord cru que c’était un monstre. Puis personne n’avait l’air inquiet, alors je me suis rendormie. J’ai été impressionnée par la vivacité des comédiens tout au long de la nuit ».

Pascal (signe particulier : convaincu qu’il ne dormirait pas) « J’ai beaucoup dormi. Les chants russes a capella étaient si doux… J’ai été bercé, j’ai fermé les yeux ».

Florence (signe particulier : aime être surprise) « L’obscurité a aiguisé mon oreille. Les chants étaient magnifiques. La fatigue pousse au lâcher-prise, on entre dans un état hypnotique. Les scènes nous reviennent par flash. J’ai été étonnée par la participation des gens toute la nuit. Et par le spectacle, qui s’est adapté aux différentes phases du sommeil ».

Véronique (signe particulier : venue pour dormir). « Je n’ai presque pas dormi. Les yeux ouverts, j’ai apprécie les jeux de lumière, les improvisations des comédiens et surtout leur connivence ».

Déborah (signe particulier : aime Molière) « J’ai reconnu une tirade de Dom Juan, j’ai ouvert les yeux : les comédiens étaient nus… J’ai dormi. Puis c’est l’odeur des nems qui m’a réveillée. C’est un mystère, mais cette nuit m’a donné une pêche ! »

Audrey Guiller

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