Photo : © Ma bête noire © Nicolas Joubard
— Publié le 5 janvier 2018 —
(Se) Remettre en selle

Pendant le festival, sous une volière géante, Thomas Chaussebourg a dansé avec un cheval libre. Puis il est monté au son d’une cornemuse écossaise. Avant de proposer un duo de la compagnie Ex Nihilo.

« Ma bête noire est une pièce assez psychologique, un duo avec le cheval War Zao, qui agit comme un miroir. Elle pose la question de la passion et du rapport au démon en soi. Elle parle de la relation amoureuse et du manque. Les Tombées de la Nuit ont été co-producteurs de ce spectacle que j’ai créé en 2011. À l’époque, il y avait une belle idée, quelque chose de très sincère, mais je n’avais pas été assez loin dans le travail avec le cheval. Le spectacle a tourné et il s’est enrichi, renforcé. Claude Guinard est revenu le voir et m’a proposé de le programmer de nouveau.

Puis j’ai eu un cancer. J’ai été absent pendant deux ans de chimio et de convalescence. À mon retour, Claude était là, me proposant de rejouer Ma bête noire et m’offrant une carte blanche pendant le festival. C’était fort. Et atypique. Un cancer, ça met à genoux. Surtout pour un artiste comme moi qui vient du sport, de la danse. Je me demandais comment continuer avec mes nouvelles capacités physiques. La carte blanche m’a poussé à penser à des collaborations, à recréer, à me reposer la question du public et du rapport à l’espace. Ça m’a redonné confiance en même temps que ça a précisé mon interprétation : moins dans la démonstration, plus à l’essentiel, dans la relation avec ma bête noire.

Les Tombées de la Nuit m’ont aussi intégré dans le collectif In Situ, dont ils sont membres. C’est un réseau européen qui développe la mobilité des artistes et encourage les diffusions des créations dans l’espace public, entre plusieurs pays. J’ai pu rencontrer des artistes et des programmateurs étrangers. Nos échanges m’ont permis de me réinterroger sur ma démarche : qu’est-ce que je raconte ? À qui ? De là sont nées des collaborations : j’ai joué en Ecosse, fait un repérage en Hollande, pris contact avec un vidéaste anglais avec qui je vais travailler. Pour nous, artistes du spectacle vivant, le coeur du métier est de jouer. Mais s’il n’y avait pas des gens comme Les Tombées, qui sont curieux et avides de relayer la parole artistique auprès du public, on ne serait plus là…»

Recueilli par Audrey Guiller

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