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— Publié le 14 mai 2017 —
Pasta i Basta – À table tout le monde

À table tout le monde !

Pasta I Basta, ce sont treize habitants qui ont cuisiné des pâtes pour un grand banquet gratuit. Les gourmands, les curieux de passage et les enfants ont partagé un plat et un moment.

Ils sont assis, ils trinquent, ils discutent, ils rient dans la lumière du soir. Ils sont 400. Une table qui n’en finit pas, au beau milieu du Mail François Mitterrand. Benoit Gasnier, fondateur de la compagnie du Théâtre à l’envers et Guénolé Jézéquel, scénographe, ont imaginé ce banquet fou, Pasta I Basta : « On voulait proposer un grand rendez-vous populaire en coeur de ville, expliquent-ils. Des habitants préparent des pâtes pour d’autres, dans un mélange de gestes chorégraphiés, de convivialité et de fête. »

Des dizaines de kilos de tagliatelles sèchentsur des échelles de bois. Depuis dix heures, treize habitants guidés par les artistes travaillent des boules de pâte dans une cuisine éphémère, au milieu des brocanteurs. Ils ont auparavant participé à deux ateliers théâtre, pour apprendre à accueillir leurs convives. Martine et Valérie, chapeaux de paille qui les protègent du soleil, coupent des courgettes et du parmesan, en musique. Elles lèvent les yeux vers la tablée : « On est en train de tous les nourrir ! C’était un défi. Le résultat est vraiment impressionnant… » Ça sent bon le citron et le basilic.

Besoin d’être ensemble

Ils ressemblent à des amis regroupés pour un mariage, moins les mariés. « À 20h, il y avait déjà foule, sourit, un peu étonnée, Marion Poupineau, responsable relations avec les publics aux Tombées de la Nuit. Pasta I Basta répond à un besoin d’être ensemble. »

Un couple s’attable : ils sont passés le matin, ont trouvé l’initiative super, et sont revenus. Leurs voisins, eux, avaient tout prévu : « on a apporté une salade et un gâteau pour partager ». Jean-François et Steeve étaient là dès 19h pour aider à installer les tables. « Je n’ai jamais mangé sur une table aussi grande, reconnaît Jean-François. C’est super convivial, un moment de rencontre avec d’autres ». Tous deux sont venus du centre médico-social de la Thébaudais pour encourager un de leurs copains, qui cuisine : « Il a tenu toute la journée, il est fort ! Moi, je n’aurais pas pu physiquement. »

On ne paie pas, on partage

Une vieille dame endimanchée s’arrête, ébahie : « C’est fou tous ces gens ensemble, ils se nourrissent de bonheur ! Je suis avec mon mari, celui avec la canne. On pourrait s’asseoir ? » Un groupe de filles, jean et basket, leur emboîte le pas : « C’est quoi la règle du jeu ? On paie où ? » Un cuisinier au chapeau répond : « On ne ne paie pas, on partage. » Les filles s’assoient entre les membres d’une association de migrants et de joyeux lurons qui entonnent des chansons.

Voilà un chef de table qui revient, pâtes en main. Applaudissements. Pasta I Basta n’est pas un restaurant avec des clients. L’attente est longue. Les portions courtes. Que peut-on attendre ou réclamer d’un don ? « Où est Thierry avec les pâtes ? » s’impatiente une dame. « Il boit un verre au bar, répond un moustachu. Détends-toi et profite pour discuter avec tes voisins. »

Audrey Guiller

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